
Disparition de Soumeylou Boubèye : L’homme, le martyr et la conscience des autorités de la transition
Victime, il l’aura été entre les mains des autorités de la Transition. Incarcéré, humilié pendant huit mois sans perdre son honneur et sa dignité. Soumeylou Boubèye Maïga a fini par rendre l’âme ce lundi 21 mars 2022 sur son lit d’hôpital de la Clinique Pasteur.
Entre émotion, indignation et colère, l’opinion publique nationale et internationale est restée sans mot devant la tragédie que représente la perte de cet homme d’Etat dans des conditions infrahumaines.
Une tragédie qui aurait pu être évitée si seulement les recommandations des experts médicaux et les cris de détresse de son épouse et sa famille avaient été entendus par les autorités de la Transition qui ont joué les sourdes oreilles.
D’un style unique et d’un sang-froid inégalé, Soumeylou Boubèye Maïga a incarné toutes les valeurs d’un homme accompli.
L’homme est parti pour toujours, sans jamais avoir l’occasion de dire sa part de vérité dans ce dossier épineux, dans lequel on le soupçonne. Et pourtant, c’était son vœu le plus ardent d’être écouté, afin qu’il soit blanchi une fois pour toute. Hélas ! On ne lui a jamais donné cette occasion. En bon croyant, on va mettre sa mort sur le compte du destin et s’en remettre la volonté du Seigneur.
Certes, nul n’est indispensable ni éternel. Mais avec la disparition de Soumeylou, le Mali perd une icône et un symbole de la lutte démocratique.
Oui, il a été un vaillant combattant pour l’avènement de la démocratie. Son courage et ses initiatives dans ce sens sont reconnus par tous ses camarades militants.
Au service de la nation, il a été exemplaire et un modèle de dirigeant. Oui, un fin stratège à qui les autorités de transition ont, malgré elles, reconnu dans un communiqué la qualité de ‘’Grand Serviteur de l’Etat’’.
Sur le plan politique, SBM fut un meneur d’homme, intrépide. Une bête politique craint et respecté de ses adversaires qui l’ont surnommé ‘’le Tigre’’ eu égard à son courage et la force de ses idées et sa conviction.
En ce jour fatidique, il a décidé de ranger les armes et pour de bon. Il laisse orphelins sa famille, ses camarades politiques et le peuple malien.
‘’Assassinat politique’’, ‘’une mort programmé’’, ont dénoncé ses amis étrangers, à l’image du président nigérien.
Mourir est la volonté de Dieu, certes. Mais mourir en détention et faute de soins ; cela indigne toute âme sensible. La disparition de Soumeylou Boubèye dans des conditions misérables est une tâche noire sur le tableau de la Transition. Lui refuser des soins devrait peser sur la conscience des autorités et pour toute la vie. Et pour cause, cet homme ne devrait pas finir ses jours de la sorte. Il a mérité de la nation. Ce mérite lui a valu les hommages soutenus et la foule incommensurable qui a tenu à l’accompagner à sa dernière demeure.
Pour sûr, le Mali perd en lui l’un de ses dignes fils. Il pourra désormais dormir en paix au regard du riche héritage qu’il a légué aux générations futures.
Puisse Allah t’accorder le repos éternel au paradis.
Dors en paix le Tigre, car ton passage sur Terre a laissé des traces.
Hamadoun Mahamane