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Le 1er mai 1898: La prise de Sikasso

Capitale du Kénédougou, Sikasso comptait environ 15000 habitants. Son « tata » était en terre glaise, les murs en étaient très élevés. Leur tracé présentait une série de saillants arrondis et des rentrants ingénieusement combinés : c’était une véritable enceinte bastionnée, très étendue, ayant environ trois kilomètres de tour, devant laquelle, en 1887, l’almany Samory échoua, malgré ses 5000 guerriers.

Soumis à la domination française, l’ancien roi Tieba, qui avait besoin de nos forces pour résister aux potentats voisins, devenait inquiétant dès qu’il ne se sentait plus en danger.

Tout d’abord, le capitaine Quiquandon, puis le lieutenant Marchand, résidèrent auprès de lui comme représentants de la France et devinrent les conseillers intimes du roi et les généralissimes de ses troupes.

La mission que Marchand, menacé bien souvent, eut à accomplir, n’était précisément pas une sinécure, car Tieba cherchait par tous les moyens possibles, par de continuelles équivoques, à échapper ou tout au moins à éluder les engagements pris vis-à-vis de la France.

Au moment de l’expédition de 1891 contre Samory, le capitaine Péroz, de l’infanterie de marine, aujourd’hui colonel, fut envoyé auprès de Tieba pour être fixé sur la contenance que celui-ci comptait prendre à cette occasion : serait-il avec nous, serait-il hostile, serait-il neutre ?

L’accueil que notre envoyé reçut fut peu engageant, mais Tieba consentit enfin à nous aider : pur intérêt de sa part.

En 1892, la résidence de Sikasso fut supprimée. A la mort de Tieba, en 1895, son fils Babemba lui succéda. Circonvenu par Samory, le roi du Kénédougou ne parut pas désireux de suivre son père dans son semblant d’alliance avec la France. Il resta, en quelque sorte, indécis.

Lors des opérations qui eurent lieu, en 1897, dans le bassin de la Volta, le colonel de Trentinian envoya au « fama » le capitaine Braulot (tué plus tard à Bouna) pour s’assurer de ses intentions. Il fut reçut avec de grands honneurs et accueilli chaleureusement pendant son séjour à Sikasso. Grâce à cette intervention, l’expédition put avoir lieu sans être inquiétée.

Mais, en janvier 1898, le lieutenant-gouverneur du Soudan, M. le lieutenant-colonel Audeoud, de l’infanterie de marine, ayant appris que des relations suivies existaient entre Babemba et Samory, notre ennemi le plus acharné, une seconde mission, sous les ordres du capitaine d’infanterie de marine Morisson, fut envoyée, fin février, auprès du « fama ».

Le capitaine Morisson devait rester à Sikasso pour y remplir les fonctions de résident de France.

L’accueil fut cette fois nettement hostile. Morisson à travers les populations malveillantes et menaçantes dut rétrograder sur Ségou. Les bagages de la mission furent pillés.

On résolut de marcher sur Sikasso. Une colonne forte de 1500 hommes, comprenant du canon (Infanterie de marine, tirailleurs sénégalais, artillerie et conducteurs), partit de Bammako, sous le commandement du lieutenant-colonel Audeoud, assisté de son chef d’état-major, le commandant Pineau.

Après quatorze combats et quinze jours de siège, l’assaut fut donné le 1er mai 1898. L’attaque commencée au point du jour ne prit fin que vers trois heures de l’après-midi. Trois colonnes avaient été formées.

Dans la pénombre de l’aube, silencieuses, les trois colonnes s’avancèrent baïonnette au canon, puis s’arrêtèrent à genoux à trois cents mètres du grand « tata », dont les formes, d’abord indécises, se révélèrent lentement sous l’action du jour, montrant les trois brèches béantes.

Des remparts, les premières balles sifflaient déjà. Des feux s’allumaient légers comme des feux follets. C’était l’éveil des sofas, tous à leurs postes.

Nous avancions au pas de charge, écrit un capitaine ayant assisté à l’affaire, menés par le clairon. A cinquante mètres de la brèche la fusillade éclata. – En avant ! A la brèche ! crièrent les officiers.

En sept minutes, sans coup férir, la colonne franchit les cinq cents mètres qui la séparaient du fortin. L’élan des troupes était magnifique. Nous faillîmes enlever même Babemba qui avait été amené sur le mamelon par tout ce bruit.

La résistance fut acharnée : la défense du « tata » où Babemba se fit tuer avec ses frères et 200 sofas de sa garde, fut héroïque. Ce réduit était si fortement organisé que la brèche ne put être pratiquable qu’après l’explosion de plusieurs obus à la mélinite. Les défenseurs se firent tuer sur place.

La ville fut défendue maison par maison : un millier de soldats du fama restèrent sur le terrain.

De notre côté, les pertes furent sensibles, ce qui prouve bien l’acharnement du combat et la ténacité de la résistance pendant ces deux semaines.

2 lieutenants tués.

3 officiers blessés,

5 sous-officiers européens blessés,

56 tirailleurs indigènes tués

150 blessés !

Au total, 216 morts ou blessés, ce qui constitue une perte considérable.

Le lieutenant Gallet (Jean-Baptiste-Ladislas-Paul), hors cadres, détaché à l’état-major du Soudan, a trouvé la mort glorieuse des braves devant Soukfourani, aux environs de Sikasso, en conduisant à plusieurs reprises, quelques jours avant, à l’assaut les tirailleurs sénégalais. Né le 19 avril 1870, sorti de Saint-Cyr le 1er octobre 1892, cet officier avait le plus bel avenir devant lui. Il appartenait au 148e régiment d’infanterie de ligne, à Verdun, lorsqu’il fut détaché au Soudan.

Le lieutenant Loury (Hugues-Just), de l’infanterie de marine, détaché également à l’état-major du lieutenant-gouverneur, fut tué à la tête de sa compagnie au moment où elle marchait pour soutenir les tirailleurs indigènes. Né le 24 novembre 1867, engagé volontaire le 24 novembre 1885, sorti de Saint-Maixent le 24 mars 1890, nommé lieutenant le 1er avril 1892, Loury pouvait espérer, en raison de son jeune âge et de ses services, une situation toute exceptionnelle.

Voici les noms des officiers ayant assisté à l’assaut :

  1. Colonne de droite : capitaine Morisson, lieutenants Loury et Blondiaux, sous-lieutenant Gérard ;
  2. Colonne du centre : lieutenant Méjane ;
  3. Colonne de gauche : capitaine Coiffé, lieutenants Buck et Mangin

Artillerie de montagne :

  1. capitaine Palâtre
  2. lieutenant Pelletier
  3. lieutenant Sav-Portes ;

Peloton de renfort :

  1. capitaine de Monguers,
  2. lieutenant Houet (grièvement blessé, jambe fracassée).

 

 

SOURCE : http://aufildesmotsetdelhistoire.unblog.fr/2013/05/02/le-1er-mai-1898-%E2%80%93-la-prise-de-sikasso/

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