
Contributions : Lettre ouverte au président de la transition, le colonel Assimi Goïta
Monsieur le président de la transition
Le Mali est l’un des rares pays africains où la nation n’est pas une création postcoloniale. Ses habitants se caractérisaient par le dévouement à la patrie, la rigueur dans le travail, le sens élevé de l’honneur et de la dignité. Ce sont ces différents facteurs qui aident à comprendre que le Mali n’a jamais accepté la domination étrangère, qu’il a toujours opposé une résistance comme en témoignent les cas contre les troupes marocaines en 1591 à Tondibi et les français colonialistes, impérialistes, néocolonialistes pendant les 19è,20è 21è siècles.
Ainsi une longue tradition de gloire, de conquêtes a inspiré au peuple malien l’énergie et la détermination de s’opposer à toute forme de domination étrangère, de soumission aveugle.
L’Union Soudanaise du Rassemblement Démocratique Africain, USRDA de feu Mamadou Konate, de Modibo Keita a mobilisé tout le Mali dans ce même élan pour réussir l’édification nationale. Ce fut un sursaut national impressionnant. Cette mobilisation a engendré pendant huit ans la réalisation de beaucoup d’infrastructures de développement : création d’industries, d’écoles, de routes, de sociétés et entreprises d Etat avec son vécu quotidien : le respect du bien public, demeurait sacré
Un mardi 19 novembre 1968 le comité militaire de libération nationale (C M L N) avec à sa tête Moussa Traoré, brise cet élan patriotique. Désormais, le Mali va patauger sous un régime militaire jusqu’ en 1974 ou il vivra sous un régime constitutionnel. A partir de 1979 les maliens vont militer au sein d’un parti unique : l’union démocratique du peuple malien (UDPM) avec comme secrétaire général Moussa Traoré.
Durant cette longue période, la majorité des maliens végétait dans la misère totale tandis qu’une minorité vivait dans l’opulence. Des maux commencent à germer : le vol, le népotisme, la corruption le détournement de fonds public et j’en passe Cette situation, devenue intenable, pousse les maliens à s’organiser contre le régime dictatorial et impopulaire de Moussa Traore. Ainsi la lutte ouverte commença en 1989 des associations comme le CNID, l’ADEMA, l’AJDP, la JLD. A travers elles, les maliens aspiraient à une nouvelle ère :la période démocratique. Finalement elle arriva le 26 mars 1991 avec l’arrestation du général Moussa Traore par le CRN avec à sa tête le lieutenant-colonel Amadou Toumani Toure.
Au cours de cette période des institutions assassines furent mises en place pour la 3ème république .Des élections furent organisées et l’ ADEMA PASJ sort vainqueur .Alpha Oumar Konaré fut investi président le 8 juin 1992 .C est l’enthousiasme populaire .Mais très vite, les maliens sont restés sur leur fin car beaucoup de leurs aspirations n’ont pas été prises en compte : accès à l’eau potable, a la nourriture, au logement ,aux soins de santé, à l’ électricité, à l’éducation .Bref leurs conditions de vie n’ont connu un grand changement. Au même moment, des milliardaires pointent à l’horizon et les maux déjà existants prennent de l’ampleur : vol, corruption, gabegie financière et tant d’autres. Le malien d’aujourd’hui se glorifie de ces maux dont avait l’homme d’autrefois. Ils sont devenus monnaie courante sous les différents régimes de la 3ème république (régimes de Mr A O Konaré, d’A T Touré, d’I B K). Sous le régime d’I B K, l’expérimenté (ambassadeur, conseiller à la présidence, premier ministre, président de l’assemblée nationale, député) commença la descente dans l’enfer, le déluge national. C’était la honte nationale, la grande déception son slogan de campagne le ‘’Mali d’abord’’ s’est opposé le slogan la ‘’famille d’abord’’. L’économie et la société étaient toutes au ralenti. Rien ne marchait : un peuple affamé, assoiffé malade, une insécurité totale, une école abandonnée, une délinquance financière jamais connue.
Pour éviter la disparition de notre chère patrie, le cataclysme, le peuple malien à travers le M5RFP, a décidé de combattre par tous les moyens le régime oligarchique d’IBK et de son parti RPM. Cette révolution populaire fut parachevée par une armée républicaine un mardi 18 aout 2020.Ainsi fut déposé IBK.
Monsieur le président,
Soyez sur le qui-vive nuit et jour. Les acteurs ‘’politique- vautours’’ de la 3ème république sont toujours présents. Ils sont dans le CNT, dans le gouvernement, tout près de vous et même dans la nature. Ils n’ont jamais su un seul instant que le peuple existe, qu’il a droit au bonheur, à une vie descente. C’est pourquoi souvent le mot inclusif me rend perplexe. Ces caméléons doivent répondre de leurs crimes de sang, économiques, de leur haute trahison et cela sans état d’âme car ils peuvent récidiver en cas d’occasion.
Monsieur le président,
Regardez, écoutez votre peuple, rien que le peuple, car le pessimisme est toujours d’actualité. Votre peuple a trop souffert et a soif de justice, d’équité, de paix. La refondation ne doit pas être un vain mot mais un changement de comportement.
Monsieur le président,
Le grand homme est celui qui pose des actes salutaires, inoubliables pour écrire une page de l’histoire de son pays. Il vient pour servir et non se servir comme Nelson Mandela, Sékou Touré, Thomas Sankara, Modibo Keita, PAUL Kagamé.
Alors à vous d’en juger, car le peuple s’est sacrifié, se sacrifie, et se sacrifiera s’il le faut pour barrer la route à toute personne qui entravera sa marche vers le ‘’Mali Koura’’.
Que dieu guide vos pas et qu’il bénisse le grand Mali de Soundiata Keita, de Tièba et Babemba Traoré, de Modibo Keita.
Lassana Mody Sissoko,
Professeur d’enseignement secondaire