
Retrait des forces étrangères au Mali : Paris découvre son front à Bamako
La rupture est définitive entre Bamako et Paris. Après l’escalade verbale entre les deux partenaires depuis un certain temps, le mercure a grimpé d’un cran avec la décision de retrait des troupes françaises présentes au Mali. Un nouveau cap est franchi et la France joue son va-tout au Sahel.
Les nerfs d’Emmanuel Macron sont mis à rude épreuve par les autorités de la Transition malienne. Paris semble être dépassé par la proactivité de Bamako à lui répondre au coup pour coup. Comme pour dire à la France que le paternalisme et l’ingérence dans les affaires d’un pays souverain appartiennent à une autre époque. Bamako va jusqu’à renvoyer l’ambassadeur de la France pour des propos jugés « peux diplomatiques », tenus par des officiels français à l’encontre des autorités maliennes. Si les agissements de Paris ressemblent beaucoup à de l’intimidation et du chantage, comme elle en avait l’habitude avec les anciens régimes, c’est sans compter avec la ténacité et la détermination des nouvelles autorités de Bamako. La France, visiblement, est surprise par ce comportement qui donne des idées à plusieurs pays sahéliens. Assimi Goïta passe aux yeux de plusieurs observateurs comme le modèle à suivre et « l’assassin » de la politique française en Afrique. Dans sa stratégie de contrer cette vague de montée du sentiment antifrançais, Paris commet des erreurs et tombe dans la vindicte. Elle mélange les torchons et les serviettes. Sa pression sur les organisations de la sous-région d’asphyxier Bamako en l’isolant et en l’affamant a produit l’effet contraire. Face à cette pression inouïe, Bamako a réveillé la fibre patriotique de son peuple qui fait montre d’une résilience extraordinaire, en tout cas jusqu’à ce jour.
Au sein de l’opinion française, ils sont nombreux les hommes politiques français qui sont d’accord avec Bamako et trouvent que Macron a franchi le Rubicon. Eric Zemmour et Marine Le Pen sont de cet avis. Le premier va jusqu’à rappeler à Macron que le paternalisme français qu’il veut imposer au Mali est dépassé. Et de lui conseiller de respecter l’intelligence africaine parce que les époques ont changé et la France doit s’y faire l’idée de changer de paradigme.
Déjà, la question de perte de l’influence française dans le Sahel s’invite dans la campagne présidentielle française en cours. Macron, affaibli et déboussolé par la résistance de Bamako, va devoir expliquer devant les Français comment il a perdu l’emprise sur le Sahel. En tout cas, il va devoir se justifier s’il veut avoir un second mandat.
En attendant que d’autres pays emboitent le pas à Bamako, la France souffle le chaud et le froid et perd progressivement toute crédibilité aux yeux des peuples africains. Est-ce le début de la fin du néocolonialisme français en Afrique ? Rien n’est moins sûr. Pour l’heure, Bamako tient le bon bout.
Dieu veille !
Harber MAIGA