
Mali : Vers une transition à durée indéterminée ?
Acheminons-nous vers un régime comme celui de feu le général Moussa Traoré ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, les incohérences entre les paroles et les actes des autorités de la transition en disent long sur l’issue de la crise.
Cinq ans renouvelables ! C’est la durée du mandat qui a été accordée au Comité indépendant de suivi-évaluation de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation (Cinsere-ANR). Ainsi en a décidé le Conseil de ministres en sa session ordinaire du mercredi 20 avril. Par le décret n°2022-0242/PT-RM, il est créé auprès du président cette structure avec comme mission de mesurer et d’apprécier l’exécution et les progrès réalisés dans la mise en œuvre des recommandations des ANR, conformément au chronogramme. A ce titre, le Cinsere-ANR est chargé de collecter des informations ; de mettre en place, de gérer la base de données et de suivre les indicateurs de résultats ; de produire et de publier des rapports, entre autres. Le hic, dans ce décret, réside en son article 8 et stipule : les membres du Cinsere-ANR sont nommés pour une période de 5 ans, renouvelables une fois. C’est en cela que les observateurs voient des incohérences. D’abord, ils ne comprennent pas que la création de cet organe ait pris tout ce temps. Ensuite, alors que les autorités de la transition donnent un délai de 24 mois pour rétablir l’ordre constitutionnel, le Cinsere-ANR a une durée de 5 ans renouvelable. Enfin, ils se demandent si le Cinsere-ANR a une raison d’exister dans la mesure où les recommandations des ANR et leur chronogramme d’exécution sont devenus caducs.
Dans tous les cas de figure, les négociations avec la Cedeao pour fixer la durée de la transition restent bloquées. Chaque camp s’agrippe sur sa position et la transition affiche dangereusement une gueule d’enlisement. Sur le plan politique et institutionnel, aucune avancée significative n’est à comptabiliser.
Toute chose fait dire à des observateurs que la fin de la transition n’est pas pour demain.
Dieu veille!
Harber MAIGA